, Brand Oswald

Quelques rimes sur la vie du Choeur

Je ne me sentais pas assez bon chanteur
Pour me permettre de m’inscrire au chœur
C’est ma fille qui m’y a entraîné
Car seule elle ne voulait pas se lancer
Elle est restée au chœur trois ans seulement
Quant à moi j’en suis à dix fois autant

C’est à l’Ancien gymnase qu’avaient lieu les répétitions
Sous la conduite de Georges-Henri Pantillon
Un chef de chœur charismatique
Doublé d’un pianiste fantastique
Son enthousiasme était communicatif
Et il était doué d’un humour très vif
Lorsqu’il était censé nous engueuler
C’est là qu’il nous faisait le plus rigoler
Son humour restait intact jusque dans la colère
Ce qui détendait l’atmosphère

Quelques mots maintenant sur le président
Un tout autre personnage assurément
Marcel Perrenoud s’exprimait volontiers
Dans un langage plutôt châtié
Son autorité était incontestable
Lorsque les bavardages devenaient insupportables
Il s’écriait : « Mesdames s’il vous plaît »
Aussitôt le silence était complet
Il n’avait pas besoin de liste
Pour tout savoir sur ses choristes
Il avait en tête leurs noms, prénoms et âge
Etat-civil, adresse exacte et même l’étage
Malgré son air sévère, l’homme inspirait confiance
Et recueillait de bien des choristes les confidences
Marcel avait l’art de cultiver l’amitié
Il a été un président très apprécié

Lorsqu’il nous a fait part de sa démission
Il avait déjà préparé sa succession
C’est Yvette Warrisse des Ponts-de-Martel
Qui a accepté de remplacer Marcel
La nouvelle présidente s’est montrée très active
Mais elle était également très émotive
C’est avec beaucoup d’ardeur
Qu’elle défendait les intérêts du choeur
Au cours de ses dix-sept années de présidence
Elle a fait la preuve de ses compétences

Après une quinzaine d’années de direction
Georges-Henri donne également sa démission
Les Pantillon avaient tellement marqué le Chœur
Et l’avaient dirigé avec un tel bonheur
Que plusieurs choristes n’ont pas eu le cœur
De poursuivre avec un nouveau directeur

Avec Michel Dumonthay, on a fait des concerts mémorables
Mais l’homme n’était pas toujours des plus affable
Les répétitions consacrées au déchiffrage
Se déroulaient parfois dans une ambiance d’orage
A peine dans une nouvelle partition avions-nous mis le nez
Qu’il nous accusait déjà d’ânonner
Et allez savoir pourquoi il nous disait tout le temps
C’est pas le Sacre du Printemps
Mais au fur et à mesure que nous progressions
Et qu’il pouvait se consacrer à l’interprétation
L’homme devenait plus aimable
Et les répétitions plus agréables
Quelques choristes se sont découragés
D’être si sévèrement dirigés
Le Chœur a subi des hémorragies
On a même craint pour sa survie
Plusieurs sopranos ont quitté le Chœur
Attirées par les succès de la Croche Chœur
Michel n’est pas resté les bras croisés
En conséquence il s’est organisé
C’est ainsi que nous avons collaboré avec Pro Classica
Ou avec l’Ensemble vocal Kneusslin selon les cas

La présidente était mise sous pression
Pour nous faire passer du chef les instructions
Lorsqu’en début de répétition Yvette réclamait le silence
Elle le faisait avec autorité et impatience
Car le chef tournait comme une hélice avant la répétition
Il s’agissait d’expédier en vitesse ses communications

Après nous avoir conduits une dizaine d’années
Michel a décidé de démissionner
Il était à nouveau l’heure
De rechercher un directeur
Il ne fallait pas qu’on se loupe
Il y allait du moral des troupes
Olivier Pianaro a su trouver l’énergie
Pour donner au chœur une nouvelle vie
Il l’a fait avec beaucoup de persévérance
Et surtout une infinie patience
N’allez pas croire pour autant
Qu’il ne soit pas exigeant
Lorsqu’il a une idée en tête
Bien souvent il s’entête
Mais on ne s’en aperçoit guère
Car il y met la manière
On a même pas l’idée de lui résister
Et il obtient le résultat escompté

Comme l’effectif n’était toujours pas suffisant
Pour donner des concerts convaincants
Olivier nous a assuré la collaboration
D’autres sympathiques formations
Comme le Chœur mixte de Colombier
Ou La Campanelle de Pontarlier
Avec lui le Chœur a retrouvé une santé
Et l’effectif est gentiment remonté
La dissolution d’un chœur de paroisse aidant
De nouvelles voix ont pris le chemin de St-Jean
Ce qui nous a permis dès lors
De refaire des concerts sans renforts
La présidente est devenue plus sereine
Et elle a alors pu prendre la peine
De nous accueillir dans les règles de l’art
Ce qui fut très apprécié de notre part

On aurait souhaité que cette situation dure longtemps
Mais le sort en a décidé autrement
Yvette a eu la douleur de perdre son époux
Ce qui a été pour elle un rude coup
Puis elle a eu de gros problèmes de santé
Qui ont mis à mal son efficacité
Son décès subit nous a tous attristés
Et a posé bien des problèmes au comité
Le 75ème était en pleine préparation
Et il s’agissait d’en assumer l’organisation
Et croyez-moi ce n’était pas une mince affaire
D’autant plus que deux autres chœurs chantaient aux concerts
Et que deux prestations étaient prévues en France
Avec tous les problèmes de transports et d’intendance
C’est Danielle qui a empoigné les choses à bras le corps
Et qui n’a pas ménagé ses efforts
Pour la réussite de ces manifestations
Nous avons eu dès lors la conviction
Qu’elle ferait une formidable présidente
Encore fallait-il qu’elle y consente
Elle a demandé un délai de réflexion
Avant de prendre une décision
Elle n’est pas seule à avoir un caractère fort
Son époux n’a rien d’un Prince Consort
Il a fallu bien entendu l’associer à la réflexion
Et compter sur Olivier et sa force de persuasion
Après un suspense intolérable
Nous est arrivée une réponse favorable

Le 75ème organisé magistralement
Nous a fait passer de grands moments
Danielle a pris les rênes du chœur avec passion
Déjà bien avant sa nomination
Elle assume maintenant ses fonctions
Avec une parfaite décontraction
Cette décontraction n’est-elle qu’apparente ?
Toujours est-il qu’elle est impressionnante
Le chœur est à nouveau entré dans une période de félicité
Espérons qu’elle n’est pas près de s’arrêter

Jean-Robert a de nombreuses années
Tenu de la caisse les destinées
En donnant sa récente démission
Il a mis fin à une longue tradition
Celle qui voulait que le caissier
Soit obligatoirement postier
Avec toutes ces postes rayées de la liste
Allez maintenant trouver un buraliste
On a dû se résoudre à chercher ailleurs
La perle rare qui veuille bien de ce labeur
Bien que n’étant pas postière
Viviane Graber fait très bien l’affaire

C’est un certain Georges Sandoz
Qui m’a mis le programme sur le dos
Georges avait une belle voix de basse
Et comme boute-en-train, c’était un as
Lors des courses de 2 jours vous pouvez me croire
C’était lui qui chahutait le plus dans les dortoirs
Ce sacré bonhomme de 82 ans avait le verbe facile
Et, rusé, il a su choisir le moment utile
Lors d’une torrée au Cervelet après le pousse-café
Dans une ambiance où on ne peut rien refuser
Il m’a parlé d’un petit travail administratif
Compatible avec mon statut de membre semi-actif
Mais pour Marcel, le président
Il était en revanche évident
Que la fonction était d’importance
Et que je devais participer aux séances
C’est ainsi que j’ai été parachuté
Au sein de cet honorable comité

En 1984, on ne disait pas saisie mais dactylographie
Les employés de commerce apprenaient encore la sténographie
Les corrections se faisaient à la gomme
Et les copies au papier carbone
Au fil du temps il m’a fallu des recyclages
Pour rester un temps soit peu à la page
Pour établir mes listes de façon convenable
Le traitement de texte est devenu indispensable
Quant aux transmissions des logos de nos annonceurs
Et les instructions à donner à l’imprimeur
Comment y procéder juste ciel ?
Autrement que par courriel
Maintenant j’ai fait mon temps
De passer le témoin il était temps
A mon âge on ne sait jamais
Alzheimer est peut être aux aguets
Philippe Simon s’est déclaré d’accord de me remplacer
C’est comme cadeau de Noël que la présidente me l’a annoncé

Il me reste à remercier le comité
De m’avoir si longtemps supporté
Et de souhaiter bon vent au chœur
A son comité et à son directeur
Il n’y a pas trop de soucis à se faire pour demain
Le Chœur des Rameaux est en de bonnes mains